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LA CHATTE BLANCHE.

aventures de Peau-d’Ane, de Finette, de l’Oranger, de Gracieuse, de la Belle au bois dormant, de Serpentin vert, et de cent autres, n’y étaient pas oubliées. Il fut charmé d’y reconnaître le prince Lutin, car c’était son oncle à la mode de Bretagne.

Il revint à la porte d’or ; il vit un pied de chevreuil attaché à une chaîne toute de diamants.

Il tira le pied de chevreuil, et aussitôt il entendit sonner une cloche qui lui parut d’or ou d’argent, par le son qu’elle rendait ; au bout d’un moment la porte fut ouverte, sans qu’il aperçût autre chose qu’une douzaine de mains en l’air, qui tenaient chacune un flambeau. Il demeura si surpris, qu’il hésitait à s’avancer, quand il sentit d’autres mains qui le poussaient par derrière avec assez de violence. Il marcha donc fort inquiet, et à tout hasard il porta la main sur la garde de son épée ; mais entrant dans un vestibule tout incrusté de porphyre et de lapis, il entendit deux voix ravissantes qui chantèrent :

Entrez, prince superbe.

Il ne put croire qu’on l’invitât de si bonne grâce, pour lui faire ensuite du mal ; de sorte que se sentant poussé vers une grande porte de corail, qui s’ouvrit dès qu’il s’en fut approché, il entra dans un salon de nacre de perles, et ensuite dans plusieurs chambres ornées différemment, et si riches par les peintures et les pierreries, qu’il en était comme enchanté. Mille et mille lumières attachées depuis la voûte du salon jusqu’en bas, éclairaient une partie des autres appartements, qui ne laissaient pas d’être remplis