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LA CHATTE BLANCHE.

une nue. Ses cheveux blonds étaient épars sur ses épaules, ils tombaient par grosses boucles jusqu’à ses pieds. Sa tête était ceinte de fleurs, sa robe d’une légère gaze blanche, doublée de taffetas couleur de rose ; elle se leva et fit une profonde révérence au roi, qui ne put s’empêcher, dans l’excès de son admiration, de s’écrier : Voici l’incomparable et celle qui mérite ma couronne.

-Seigneur, lui dit-elle, je ne suis pas venue pour vous arracher un trône que vous remplissez si dignement ; je suis née avec six royaumes, permettez que je vous en offre un, et que j’en donne autant à chacun de vos fils. Je ne vous demande pour toute récompense que votre amitié, et ce jeune prince pour époux. Le roi et toute la cour poussèrent de longs cris de joie et d’étonnement. Le mariage fut célébré aussitôt, aussi bien que celui des deux princes ; de sorte que toute la cour passa plusieurs mois dans les divertissements et les plaisirs. Chacun ensuite partit pour aller gouverner ses états ; la belle Chatte blanche s’y est immortalisée, autant par ses bontés et ses libéralités, que par son rare mérite et sa beauté.


Ce jeune prince fut heureux
De trouver, en sa Chatte une auguste princesse,
Digne de recevoir son encens et ses vœux,
Et prête à partager ses soins et sa tendresse :
Quand deux yeux enchanteurs veulent se faire aimer,
On fait bien peu de résistance,
Surtout quand la reconnaissance
Aide encore à nous enflammer.