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LE RAMEAU D’OR

bre, dit-elle, pour vous rien refuser. En même temps elle frappe le Rameau d’Or, et tous ceux qui avaient été retenus dans le château parurent ; chacun, sous sa forme naturelle, y retrouva sa maîtresse : la fée libérale, voulant que tout se ressentît de la fête, leur donna l’armoire du donjon à partager entre eux : ce présent valait plus que dix royaumes de ce temps-là. Il est aisé d’imaginer leur satisfaction et leur reconnaissance. Bénigne et Trasimèné achevèrent ce grand ouvrage par une générosité qui surpassait tout ce qu’ils avaient fait jusqu’alors, déclarant que le palais et le jardin du Rameau d’Or seraient à l’avenir au roi Sans-Pair et à la reine Brillante ; cent autres rois en étaient tributaires, et cent royaumes en dépendaient.

Lorsqu’une fée offrait son secours à Brillante,
Qui ne l’était pas trop pour lors,
Elle pouvait d’une beauté charmante
Demander les rares trésors.
C’est une chose bien tentante !
Je n’en veux prendre pour témoins
Que les embarras et les soins
Dont pour la conserver le sexe se tourmente.
Mais Brillante n’écouta pas
Le désir séducteur de servir des appas ;
Elle aima mieux avoir l’esprit et l’âme belle.
Les roses et les lys d’un visage charmant,
Comme les autres fleurs, passent dans un moment,
Et l’âme demeure immortelle.