Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/299

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tion les fautes et les délits; on ne peut plus rendre Thomnie responsable de ses actes^ qu'il faut dès lors attribuer à Timpul- sion irrésistible^ à la puissance du destin, qui devient ainsi l'arbitre et la cause de tous les événements. Les châtiments in- ' fligés par les lois aux coupables sont iniques^ si les hommes ne commettent pas de fautes librement^ s'ils sont poussés au crime par le destin. Chrysippe répond à cette objection avec finesse et subtilité Cependant tout ce qu'i^ a écrit sur cette matière peut se résumer ainsi : « Bien que, dit-il, toutes choses soient néces- sairement soumises, subordonnées au destin par une loi souve- raine, néanmoins l'esprit et le cœur de l'homme ne sont les es- claves de la fatalité que d'après le caractère et les qualités de chacun. En effet, si la nature, en les créant, a doué les hom- mes de qualités bonnes et utiles, toute èette puissance qui émane du destin deviendra douce et inofiensive, en passant par notre âme. Si les hommes, au contraire, sont sauvages, igno- rants, gros^ers, s'ils ne portent en eux le germe d'aucune bonne qualité pour lutter contre leurs mauvais instincts, vous les ver- rez succomber aux attaques du destin, qu'elles soient puissantes ou non ; vous les verrez, obéissant à leur férocité, écoutant la voix de leurs passions^ se précipiter dans de continuels désordres.