Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/301

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et que c'est par notre propre mouvement et par notre détermi- nation que nous devenons le jouet de l'erreur, que nous tombons dans le vice et dans la misère, qui en sont la conséquence. »

C'est pourquoi, reprend ce philosophe, n'écoutez pas ces hommes pervers, lâches et criminels, qui, convaincus de fautes et de crimes, se réfugient dans la fatalité comme dans un asile sacré et soutiennent qu'il faut attribuer leurs mauvaises actions, non à une erreur volontaire de leur part, mais au destin. Le plus ancien et le plus sage des poètes exprime le premier cette pensée dans les vers suivants :

Eh quoi ! les mortels accusent les dieux ! C'est nous, disent-ils^ qui leur envoyons les maux ; que ne s'accusent-ils eux-mêmes, car ils sont les victimes de leur propre folie ?

M» Cicéron, dans son traité du Destin, avoue que cette ques^ tion lui paraissait très-obscure et très-embrouillée> et que le philosophe Chrysippe lui-même n'a pu s*eii tirer» Voici le pas- sage : « Chrysippe s'épuise, sue sang et eau pour nous faire com- prendre que nous avons en nous le libre arbitre, quoique tout