Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ces vers très-froids, et cependant ce sont peut-être les plus beaux de l'auteur. Les voici :

Lesbia mi dicit semper maie, nec tacet uDquam De me : Lesbia me dispeream nisi amat.

Que signe? Quasi non tolidem mox deprecor illi Assidue : verum dispeream nisi amo.

Lesbie ne fait que dire du mal de moi, et ne tarit pas sur mon compte. Que je meure, si Lesbie ne m'aime pas. Quelle preuve en ai-je? C'est que moi-même je ne cesse de la maudire ; mais que je meure, si je ne Taime !

Notre homme croyait bonnement que deprecor était pris dans le sens que lui donne le vulgaire ; qu'il était le synonyme depre- con, orare, supplicare, prier, précédé de la préposition de pour lui donner plus de force et d'énergie. S'il en était ainsi, ces vers seraient assurément très-froids; mais c'est tout le contraire : la préposition de prend avec ce verbe des significations diverses. Par exemple, dans ce passage de Catulle, deprecari signifie mau- dire, éloigner les imprécations de sa tête, les renvoyer d'où elles viennent; mais ce même mot a une signification tout autre dans cette phrase du discours de Cicéron pour P. Sylla : — Quam rnultorum hic vitam a Sulla deprecatus, de combien d'hommes