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PARENTS
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une trace profonde. Ne lui racontons que ce qui le rend heureux ou espérant, tout en l’avertissant et le peuplant de belles images de la vie, de conflits entre le bien et le mal, que vous saurez régler pour son soulagement.

Et quand le tout petit de trois à cinq ans, veut jouer à travailler avec sa mère aux légers travaux du matin, gardez-vous de l’en empêcher par routine ou pour qu’il ne se salisse pas. C’est ainsi que le travail de son propre service[1] — qu’il devra désormais faire toute sa vie — lui deviendra un jeu.

Ne dites plus, vous bonnes mères, comme disaient les mères formalistes d’avant 1914 : « Faire travailler mon enfant ? Jamais. Je veux qu’il s’amuse et qu’il soit heureux. Ce sera toujours autant de pris. »

Erreur. On n’est aucunement heureux quand on s’amuse. Ces deux frissons-là n’ont aucun rapport entre eux ; et plus tard les viveurs, si sombres en leur privé, le savent trop. Et pourquoi l’enfant ne s’amuserait-il pas à de petits travaux ?

Lui comme nous, n’est heureux que d’avoir fait ce matin sa conscience belle et jolie pour plaire à ceux qu’il aime.


Ceux qu’on élève à tout entendre

sont plus intelligents. Tant pis. Sacrifions un temps l’intellect et le jeu preste des idées à l’édification d’une forte nature. On fait trop d’esprit chez nous devant les enfants entre adultes. Ou que la mère, après une plaisanterie du père sur les mœurs, prenne

  1. Cirer ses petits souliers, secouer ses habits, épousseter, que sais-je ?