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LE NOUVEL ART D’AIMER

font jouer par la justesse l’observation profonde. Mais que leur trait est sec et stérile ! Il faut venir à Jean Dolent, dans Maître de sa joie[1], Monstres, L’Insoumis, Amoureux d’art, etc., pour trouver le maître du trait souple, artiste, dynamique, celui « qui nous emmène plus loin qu’où il s’arrête, où il semble s’être arrêté ». On ne referme pas ses livres sans y prendre la fièvre du travail. Chez l’être doué, il mobilise le génie.

De Chateaubriand, lisons les Mémoires d’outre-tombe, Le Génie du christianisme.

Comme penseurs actifs, lyriques, lisons de Carlyle, Les Héros ; Emerson, dans la Conduite de la vie. Comme gloire lisons Hugo pour la splendeur de certains vers et poèmes ; mais que de remplissage ! Surtout ne lisons pas Baudelaire trop tôt. Il décourage. Son pessimisme verdâtre met en déroute la sensibilité, il en fait un mauvais maître à cause du génie. Mais servons-nous de sa beauté pour faire de la France le peuple où « l’action sera la sœur du rêve ».

Lisons de douze à vingt ans le radieux enfant que fut Jules Verne qui, par le rêve construit, enfanta et mit en route toutes les découvertes de la science moderne. Lisons sa vie par sa nièce[2] pour le secret de son évolution. À vingt ans, lisons Balzac pour savoir la comédie humaine.

  1. Maître de sa joie (1902), ainsi que Monstres, etc. ; grand sensible il est aussi un mystique du rire. Le rire est chez lui créateur.
  2. Jules Verne, par Mme Allotte de La Fuye.