Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/7

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L’amour est éternel. Il a précédé la pensée, car il faut un témoin aimé pour éveiller, pour attiser l’esprit en nous. Mais rien n’est éternel sans épouser le jour

« tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change »


et c’est pourquoi ce temps de convulsions, d’épreuves, voire de pénitence, exige un nouvel art d’aimer.

C’est aussi que l’amour devient aux heures sombres tout le soleil des mœurs : La vie intense de la race se tourne vers lui pour lui confier son courage et sa valeur que le malheur a mis à vif. C’est que la famille devient le nid de délices où abriter de nous tout ce qui vaut de vivre. C’est que la famille s’étend à la nation car chacun compatit à tous dans la difficulté mieux qu’en la commodité. Donc en somme l’amour s’est approché de nous. Il s’en est approché par la souffrance. Il s’agit de le retenir.

C’est là que la femme peut tout, elle qui a fait son honneur d’être dispensatrice de la joie : « Porte du ciel » comme dit Léon Bloy.

« Si j’avais su ! » disent tous les amants à la première déception et quand il est trop tard. Je viens pour éviter à mon lecteur le seul mot sans espoir : Si j’avais su.

Mais l’amour est de tous les âges. C’est donc à la première aventure qu’il faut un guide puisque Platon voulait qu’on déléguât une inspectrice du mariage près des jeunes époux ; et c’est jusqu’au tombeau,