Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome II, 1843.djvu/71

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cachés de la muraille, et promène partout sa vapeur enfermée dont la chaleur s’exhale au dehors ? J’ai vu des baigneurs, qu’une sueur abondante avait épuisés, dédaigner les froides eaux des cuves et des piscines, pour jouir des eaux courantes, et, retrouvant bientôt leur vigueur dans le fleuve, frapper et refouler en nageant ses vagues rafraîchissantes. Si un étranger arrivait ici des murs de Cumes, il croirait que Baïes l’Eubéenne a voulu donner à ces lieux un abrégé de ses délices : tant leur recherche et leur propreté ont de charme, sans que le plaisir qu’on y goûte exige aucun luxe.

Mais comment cesser enfin de chanter tes vertes ondes et de vanter ta gloire, ô Moselle, rivale de l’océan, sans dire ces innombrables rivières qui viennent au loin se joindre à toi par diverses embouchures ? Elles pourraient retarder leur jonction, mais elles ont hâte de confondre leur nom dans le tien. Grossie des eaux de la Pronéa et de la Némésa, la Sura, qui n’a pas démérité, s’empresse de se rendre dans ton sein ; la Sura, qui t’enrichit des affluents qu’elle a reçus, et fait plus pour sa gloire en s’attachant ainsi à ton nom, que si elle allait se perdre par des embouchures ignorées dans l’océan commun. C’est à toi que le Gelbis rapide, à toi que l’Erubrus renommé pour ses marbres, apportent les baisers empressés de leurs ondes esclaves : le Gelbis qui nourrit des poissons si vantés ; l’Erubrus qui tourne avec vitesse la roue de pierre sur le grain qu’elle écrase, et qui traîne sur le marbre poli la lame stridente de la scie, dont le continuel sifflement se fait entendre sur ses deux rives. Je passe la faible Lesura, et le pauvre Drahonus, et je ne parle pas du ruisseau méprisé de la Salmona. Chargé de navires, depuis longtemps le Saravus aux larges et bruyantes ondes m’appelle en déployant tous les plis de sa robe : il prolonge exprès son cours pour déverser ses eaux fatiguées sous