Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome II, 1843.djvu/75

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savoir du magistrat, la puissante parole de l’orateur, sublime appui des accusés ; je chanterai ces hommes, chefs suprêmes de la curie dans leurs municipes, et sénateurs dans leur propre ville ; ceux que leur éloquence, renommée dans les écoles de la jeunesse, a élevés au rang glorieux du vieux Quintilien ; ceux qui ont gouverné leurs cités, qui n’ont point souillé de sang leur tribunal, et qui ont illustré d’innocents faisceaux ; ceux qui ont régi les peuples de l’Italie ; puis, appelés à la deuxième préfecture, ont commandé aux Bretons, enfants de l’Aquilon ; celui enfin qui gouverna Rome, la capitale du monde, et le peuple et le sénat, sous un nom qui n’en avait qu’un avant lui dans l’empire : celui-là, bien qu’il ait été au-dessus des princes, il se hâte, ô Fortune, d’abjurer ton erreur ; ces honneurs, qu’il a goûtés à peine, il n’en jouira pleinement qu’en les rendant à leurs vrais maîtres, à ces nobles héritiers des empereurs qui remonteront au faîte des dignités suprêmes. Mais achevons, il en est temps, notre œuvre commencée. Différons l’éloge des hommes, pour revenir à ce fleuve si heureux en sa marche riante au sein des vertes campagnes, et consacrons-le dans les flots du Rhin.

A présent, ô Rhin, déroule ta robe d’azur et les verts replis de ton voile, mesure une place à ce nouveau fleuve qui veut t’enrichir de ses ondes fraternelles. Et ses eaux ne sont pas le seul don qu’il t’apporte : mais il vient des murs de la ville impériale ; il a vu les triomphes réunis d’un père et de son fils, vainqueurs partout, sur le Nicer, à Lupodunum, aux sources de Pister inconnues dans les annales du Latium. Ce dernier laurier de leurs armes t’est venu naguère ; d’autres suivront, puis d’autres encore. Vous, marchez unis, et, de votre double cours, refoulez ensemble la mer étincelante. Ne crains pas, ô Rhin majestueux, de paraître affaibli : ton hôte ne connaît point l’envie. Reste maître à jamais de ton nom :