Page:Austen - Emma.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

changement de local serait précisément d’écarter tout danger de prendre froid ; M. Perry pourrait perdre à ce changement, mais personne d’autre n’aurait à le regretter.

— Monsieur, reprit M. Woodhouse avec chaleur, vous vous méprenez singulièrement sur le caractère de M. Perry : M. Perry est extrêmement tourmenté quand un de nous tombe malade. Mais je ne puis comprendre comment un salon d’hôtel peut vous paraître un meilleur abri que la maison de votre père.

— En raison même de sa grandeur, Monsieur ; nous n’aurons pas besoin d’ouvrir les fenêtres, une seule fois et c’est précisément cette mauvaise habitude de laisser pénétrer l’air de la nuit dans une chambre où se trouvent des gens en transpiration qui est la cause de la plupart des refroidissements !

— Ouvrir les fenêtres ! Personne ne songerait à ouvrir les fenêtres à Randalls. Je n’ai jamais entendu parler d’une chose pareille. Danser les fenêtres ouvertes ! Ni votre père ni Mme Weston – cette pauvre Mlle Taylor – ne toléreraient cette manière d’agir.

— Ah ! monsieur… mais quelque jeunesse inconsidérée se glisse parfois derrière le rideau et relève un châssis sans y être autorisée. Je l’ai souvent vu faire moi-même.

— Est-ce possible, Monsieur, je ne l’aurais jamais cru ; mais je vis à l’écart et je suis souvent étonné de ce que j’apprends. Néanmoins, cette circonstance mérite considération et peut-être le moment venu… Ce genre de projet demande à être mûrement pesé ; on ne peut prendre une décision à la hâte. Si M. et Mme Weston voulaient se donner la peine de venir me voir un de ces jours, nous pourrions examiner la question.

— Mais malheureusement, Monsieur, j’ai moi-même si peu de temps…