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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 3 août 1910 [45]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Les jours passèrent sans que Frank Churchill fit une nouvelle apparition ; il avait souvent l’intention de venir, mais, au dernier moment, il en était empêché : sa tante ne pouvait supporter qu’il la quittât ! Le séjour de Londres n’avait amélioré en rien l’état nerveux de Mme Churchill ; elle ne pouvait supporter le bruit, ses nerfs étaient perpétuellement irrités ; au cours de sa dernière visite, Frank Churchill avait, du reste, assuré que l’état de sa tante, sans être tout à fait grave, était sérieux ; il se refusait à admettre, malgré les soupçons de son père, que la maladie de Mme Churchill n’eût pas de base réelle : Londres ne lui convenait pas. Frank les mit bientôt au courant d’un nouveau projet : ils allaient sans délai se rendre à Richmond ; une maison meublée dans une très jolie situation avait été louée et on espérait beaucoup de ce changement d’air.

M. Weston se déclara parfaitement satisfait.

— Qu’est-ce, dit-il, que neuf kilomètres pour un jeune homme ? Une heure de promenade. C’est toute la différence entre un long voyage de dix-huit kilomètres et un voisinage immédiat ; c’est le voir sans cesse au lieu de ne le voir jamais. Somme toute il n’y avait pas grande différence entre Enscombe et Londres au point


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