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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 21 août 1910 [65]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Emma écoutait avec plaisir et ne demandait pas mieux que de continuer l’entretien sur ce ton, mais l’instant d’après Frank Churchill était de nouveau occupé de ses propres affaires et il dit en tournant les yeux vers Jane :

— Avez-vous jamais vu un teint si fin, si délicat, et pourtant elle n’est pas absolument blonde. C’est une carnation assez rare formant contraste avec ses cils noirs ; elle a juste assez d’éclat pour faire ressortir sa beauté.

— J’ai toujours admiré son teint pour ma part, reprit Emma malicieusement ; mais il me semble qu’il y eut un temps où vous trouviez à redire à sa pâleur ? Avez-vous tout à fait oublié ?

— Pas du tout. Quelle impudence était la mienne ! Comment ai-je osé ?

En même temps, il riait de si bon cœur à cette évocation qu’Emma ne put s’empêcher de lui dire :

— J’ai idée qu’au milieu de vos tribulations vous trouviez grand plaisir à nous duper tous. Ce jeu vous faisait prendre votre mal en patience !



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