Page:Austen - Emma.djvu/77

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jamais eu l’intention de méconnaître les titres de cet excellent M. Weston ; il n’y a pas de bonheur que je ne lui souhaite ; je le considère comme un des hommes les plus affables qui existent ; excepté vous et votre frère, je ne connais personne qui ait meilleur caractère. Je n’oublierai jamais la bonne grâce qu’il a mise à lancer le cerf-volant d’Henri un jour de grand vent pendant les dernières vacances de Pâques ; et depuis le jour où il a pris la peine de m’écrire en rentrant chez lui, à minuit, pour me rassurer au sujet d’une rumeur relative à des cas de fièvre typhoïde à Cobham, j’ai toujours eu la conviction qu’il n’y a pas un meilleur cœur sur la terre. Personne plus que Mlle Taylor ne méritait un pareil mari !

— Où est le jeune homme ? dit M. Jean Knightley ; a-t-il fait son apparition, oui ou non ?

— Il a été question d’une visite au moment du mariage, répondit Emma ; mais notre attente a été déçue. Depuis je n’ai plus entendu parler de lui.

— Vous oubliez la lettre, ma chère ! reprit M. Woodhouse. Il a écrit une lettre de félicitations à cette pauvre Mme Weston qui me l’a montrée et je l’ai trouvée fort bien tournée. Je ne puis affirmer que l’idée vienne de lui : il est jeune, et c’est peut-être son oncle…

— Mon cher papa, il a vingt-trois ans ; vous oubliez que le temps passe.

— Vingt-trois ans ! Est-ce possible ? Je ne l’aurais jamais cru ; il n’avait que deux ans quand sa pauvre mère est morte ; les années s’envolent véritablement et ma mémoire est bien mauvaise. Quoiqu’il en soit, la lettre était parfaite ; je me rappelle qu’elle était datée de Weymouth et qu’elle commençait ainsi : « Ma chère Madame », mais je ne me rappelle pas la