Page:Austen - Emma.djvu/82

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recommande de prendre un peu de bouillie ayant de monter. Ma chère Emma, si vous faisiez préparer la bouillie pour tout le monde ?

Emma ne put entrer dans ces vues, sachant que les deux messieurs Knightley étaient aussi irréductibles qu’elle sur ce point, et deux assiettées seulement furent commandées.

Après avoir fait l’éloge de cet aliment et s’être étonné de ne pas rencontrer une approbation unanime, M. Woodhouse dit d’un air grave :

— Quelle étrange idée, ma chère, vous avez eue de passer votre été à South End au lieu de venir ici. Je n’ai jamais eu grande confiance dans l’air de la mer.

— M. Wingfield a particulièrement insisté, Monsieur, pour nous faire faire ce déplacement il le jugeait opportun pour tous les enfants, mais particulièrement pour la petite Bella qui a la gorge délicate ; il tenait essentiellement à lui faire prendre des bains de mer.

— Ah ! ma chère, mais Perry, au contraire, n’était pas d’avis que la mer fût indiquée pour le cas de cette enfant ; quant à moi il y a longtemps que je suis persuadé que la mer ne fait du bien à personne ; moi-même j’ai failli y mourir.

— Allons, allons, dit Emma sentant que la conversation s’égarait, il faut que je vous prie de ne plus parler de la mer. Cela m’attriste et me rend envieuse, moi qui ne l’ai jamais vue. Voilà un sujet prohibé. Ma chère Isabelle, je ne vous ai pas encore entendu demander des nouvelles de M. Perry et lui ne vous oublie jamais !

— Oh ! cet excellent M. Perry ! Comment se porte-t-il, Monsieur !

— Mais assez bien ; pas tout à fait bien pourtant ; ce pauvre Perry a mal au foie et il n’a pas le temps de se soigner ; il est appelé d’un bout à l’autre du pays : je pense qu’il n’y a pas un autre médecin qui ait une pareille clientèle mais il faut dire aussi qu’il n’y a nulle part un médecin plus intelligent.

— Et Mme Perry, et les enfants, comment vont-ils ? Ont-ils grandi ? J’ai beaucoup d’amitié