Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/121

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au jour fixé, et il fut question de leur faire une visite. Maria déplora cette nécessité : « Personne, disait-elle, ne pouvait comprendre ce qu’elle souffrirait ; elle voudrait pour tout au monde en être dispensée. Pensez donc au déchirement de retourner comme étrangère où j’ai vécu jusqu’à l’époque de mon mariage ! je crains d’y prendre une attaque de nerfs… » Elle n’en persécuta pas moins Charles de la mener le jour suivant à Kellinch-Hall dans son carricle ; heureusement pour Alice, il n’y avait place que pour deux personnes dans ce modeste équipage ; il ne fut donc pas question de la mettre de la partie, et sa sœur la pria de rester pour surveiller les enfans. Elle fut bien aise que le moment qu’elle redoutait plus réellement que Maria, fût retardé, et que sa première entrevue avec les Croft ne fût pas à Kellinch-Hall ; elle désirait cependant les voir bien plus encore qu’elle ne le craignait. Tout son désir se bornait à se trouver chez Maria quand ils lui rendraient sa visite : c’est ce qui arriva. Charles était absent ; mais les deux sœurs étaient ensemble. Le hasard plaça mistriss Croft à côté d’Alice, et l’amiral près de Maria, à qui il se rendit très-agréable en caressant beaucoup les enfans et jouant avec