Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/133

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la plus vive anxiété. Ce fut une journée de la plus profonde détresse. Alice fut obligée de pourvoir à tout, d’envoyer chercher le chirurgien, d’apprendre ce malheur à l’époux de sa sœur qui était à la chasse, de soigner le pauvre petit malade et sa mère, qui eut des attaques de nerfs, et plus encore, de diriger les domestiques, de gronder la bonne qui était chargée de surveiller les enfans, et s’en était si mal acquittée, d’éloigner le plus jeune, qui était volontaire, gâté, et qui tourmentait son frère ; de calmer, de consoler le blessé, et enfin d’instruire avec précaution les grands parens, ce qui lui causa des inquiétudes et des peines inouïes.

Le retour de Charles Musgrove, à qui elle avait envoyé un exprès et un billet, fut son premier soulagement ; il pouvait au moins prendre soin de sa femme ; le second fut l’arrivée du chirurgien : jusqu’à ce qu’il eût examiné l’enfant, l’appréhension des parens fut excessive ; ils soupçonnaient une fracture à l’épine du dos, plus dangereuse que la dislocation de l’épaule, et n’osaient pas même se communiquer leurs craintes. Charles, placé sur les genoux de sa tante Alice, ne voulut pas être ailleurs, ni souffrir que personne