Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/152

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entre quinze et trente, peut, si elle le veut, trouver en moi un époux ; un peu de beauté, de gaîté, d’amabilité, de goût, quelques complimens sur la marine, et je suis un homme perdu ; n’est-ce pas suffisant pour un marin qui n’a pas eu assez de société de femmes pour avoir appris à être difficile ? »

Il parlait ainsi pour être contredit ; son regard plein d’esprit, tout ce qu’il disait, son ton, ses manières, prouvaient qu’il avait le droit d’être difficile. Alice Elliot n’était pas loin de sa pensée quand il faisait plus sérieusement le portrait de la femme qu’il désirait de rencontrer : « Je voudrais, disait-il alors, trouver sous une figure agréable sans trop de beauté, qui rend presque toujours une femme vaine ou coquette ; je voudrais trouver un esprit aimable et cultivé sans ombre de pédanterie. Je cherche cette douceur qui fait le charme des ménages ; mais je redoute un caractère faible, facile à se ployer aux impressions qu’il n’a pas la force de combattre. Voici les qualités que je voudrais trouver dans une femme, que j’exigerais même si j’étais sage ; mais j’en rabattrai quelque chose. Si je me marie comme un fou, je serai alors plus fou qu’un autre, car peu d’hommes ont plus réfléchi que moi sur ce chapitre.