Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/164

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raient exposées, et qui ne sont rien pour nous autres hommes. Je déteste donc d’avoir des femmes à bord de mon vaisseau, et si je le puis, je n’en aurai jamais.

— Allons donc, Frederich, lui dit son aimable sœur, vous ne pensez pas un mot de ce que vous dites là ; vous savez très-bien que des femmes, lorsque ce ne sont pas des petites-maîtresses aux nerfs délicats, peuvent être aussi à leur aise sur un vaisseau que dans la meilleure maison. Je crois que j’ai été sur mer plus qu’aucune femme ; je dois savoir ce qui en est, et je déclare que je ne connais rien sur terre qui soit supérieur aux raffinemens, aux commodités que l’on peut trouver sur un vaisseau de guerre. J’assure que nulle part, même à Kellinch-Hall (dit-elle en s’inclinant avec un sourire vers Alice), je n’ai été mieux à tous égards que sur les vaisseaux que j’ai montés ; j’ai été sur cinq bâtimens, et partout je me suis trouvée également bien. »

Alice pensait en ce moment combien de fois Wentworth lui avait dit le contraire de ce qu’il pensait aujourd’hui, en lui donnant sa sœur pour exemple, et répétant qu’il espérait qu’elle l’aimerait assez pour le suivre sur mer. Elle garda le silence.