Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/180

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même sur la nature de ses sentimens, si elle aimait le capitaine, le plus tôt qu’elle romprait avec son cousin serait le mieux.

En effet, ce bon George était à-la-fois mortifié et désespéré de la froideur de sa cousine avec lui, et de ses prévenances pour le capitaine ; il était si exaspéré contre ce dernier, que sans son état qui lui interdisait le duel, il n’est pas douteux qu’il l’eût provoqué ; mais privé de cette ressource, et ne pouvant supporter d’être le témoin de la légèreté de son Henriette, il résolut de rester à Winthrop et de ne plus aller à Uppercross, où les grâces et l’amabilité de son heureux rival redoublaient encore sa peine. La petite absence de quinze jours qui lui avait été si fatale, avait pour objet de se rapprocher tout-à-fait d’Henriette en obtenant de changer sa cure contre celle d’Uppercross. Le recteur Schirley, qui desservait cette dernière depuis quarante ans avec un zèle infatigable, ne se déchargeant sur personne d’aucun de ses devoirs, devenait vieux, infirme ; on cherchait à l’engager à prendre près de lui George Hayter, qu’on estimait généralement. L’avantage de se rapprocher d’Henriette, d’avoir une meilleure cure, d’obtenir la main de sa cousine, lui fit mettre tout en