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noisette, douée par la nature d’une force originelle ; elle a résisté aux orages de l’automne ; pas un point sur sa belle écorce, pas un endroit faible et endommagé ; elle a conservé, grâce à sa fermeté, toute sa fraîcheur, toute sa beauté, tandis que la plupart de ses sœurs sont tombées, sèchent sans utilité sur le gazon, ou sont brisées sous les pieds des passans. » Il dit cela avec un ton mêlé d’enthousiasme et de plaisanterie qui avait quelque chose de charmant, mais qui n’en perça pas moins le cœur de la pauvre Alice ; elle ne sentait que trop l’application de ces paroles, et se comparaît à la pauvre noisette tombée et foulée aux pieds.

Wentworth continua d’un ton plus sérieux : « Mon premier vœu, dit-il, pour tous ceux qui m’intéressent, c’est qu’ils aient de la fermeté. Si vous voulez, Louisa, être belle encore et heureuse dans l’été, dans l’automne de votre vie, vous devez chérir et conserver toute votre fermeté actuelle, tout votre empire sur vous-même. »

Il se tut. Louisa ne répondit rien ; Alice s’attendait à son silence ; elle aurait été surprise qu’elle eût à l’instant une réponse prête pour une telle question, faite avec autant d’es-