Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/63

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criai-je, il n’en est pas moins vieux et épouvantable.

— Mais quel âge lui donnez-vous ?

— Soixante ou soixante-cinq ans au moins.

— Quarante, répliqua sir Bazile, quarante, et pas davantage : c’est un jeune homme pour nous, qui sommes ses aînés de près de dix ans ; mais nous n’avons pas passé la ligne.

» Peignez-vous mon étonnement ! Je n’oublierai de ma vie l’amiral Bradwin ; je n’ai jamais vu un aussi triste exemple de l’influence de la vie de mer ; mais, du plus au moins, c’est la même chose avec tous les marins ; ils en sont tous logés là, et cela n’est pas étonnant ; exposés à tous les temps, à tous les climats, jusqu’à ce qu’il soit impossible de les regarder ! c’est une vraie pitié ! Et combien encore il y en a qui périssent avant d’avoir atteint l’âge de l’amiral Bradwin ! Et le scorbut qui détruit l’émail des dents ! quand il n’y aurait que cet inconvénient, je ne voudrais pas être marin, ni en avoir un dans ma famille.

— Vous êtes sévère, sir Walter, s’écria mistriss Clay ; ayez compassion de ces pauvres gens. Nous ne sommes pas tous destinés à être beaux, et à ne point vieillir ; c’est le partage