Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/86

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maltraité du soleil : il alla même jusqu’à dire que s’il pouvait l’engager à arranger ses cheveux comme lui, il aurait une belle et bonne figure ; et, de son côté, l’amiral, avec sa bienveillance et sa franchise ordinaires, disait à sa femme : « Je vous assure, Sophie, que je suis très-content du baronnet ; ce n’est point ce qu’on avait dit à Taunton ; sans doute il n’a jamais vu de combat naval ; mais à cela près, je le crois un très-galant homme. » Les Croft devaient entrer en possession à la Saint-Michel ; et comme sir Walter voulait s’établir à Bath dans le cours du mois suivant, il n’y avait pas de temps à perdre ; on s’occupa donc des préparatifs du voyage.

Lady Russel, convaincue qu’Alice ne serait consultée en rien, ni sur le choix d’une maison, ni sur la manière de l’arranger, aurait voulu la garder jusqu’au moment où elle-même irait à Bath après les fêtes de Noël ; mais elle avait quelques engagemens qui l’obligeaient à quitter Kellinch-Lodge pour quelques semaines. Alice, de son côté, aurait donné tout au monde pour passer encore un doux et triste automne dans cette campagne chérie qu’elle quittait avec tant de regret ; mais se résignant à la nécessité, elle tâcha de prendre son parti,