Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/92

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de sa maison, je crois qu’il a en moi la personne qu’il lui faut, je n’ai rien à craindre. Si mistriss Clay était belle, vous pensez bien que je n’aurais garde d’en faire ma société, et surtout celle de mon père ; non que je croie que rien au monde pût l’engager à se remarier, mais alors il pourrait prendre pour elle un attachement qui le rendrait malheureux : mais cette pauvre mistriss Clay est loin de l’inspirer ; avec tous ses mérites, elle n’a pas celui d’être belle ; c’est une de ces physionomies dont on ne dit rien, et cela n’est pas dangereux : sir Walter, vous le savez, est difficile ; ainsi la bonne mistriss Clay peut rester ici en toute sûreté. Ne savez vous pas d’ailleurs que sir Walter parle souvent de cette femme avec un ton railleur ? Ses rousseurs et ses dents seraient un obstacle invincible à l’union que vous craignez ; il a un dégoût particulier pour les rousseurs ; moi, je passe volontiers sur les imperfections de mon amie, mais mon père ne s’y habituerait jamais.

— Ce sont cependant de bien légers défauts, dit Alice : j’ai connu des femmes bien séduisantes malgré ces torts de la nature : je crois d’ailleurs qu’il n’y a presque pas de défauts personnels que la flatterie et une humeur