Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/97

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avait hérité d’une bonne part de l’orgueil et de l’importance des Elliot, et personne n’avait plus de talent pour se créer mille maux imaginaires, et croire qu’elle était négligée et qu’elle avait à se plaindre de tout le monde. Pour son extérieur, elle n’était point aussi belle que ses sœurs ; et même lors de son mariage, dans sa plus grande fraîcheur, on pouvait tout au plus la trouver assez jolie.

Lorsqu’Alice entra, Maria était couchée sur un sopha, dans un petit sallon renommé pour l’élégance des meubles quand elle en avait pris possession, et que la négligence de la maîtresse, les déprédations de quatre étés et de deux petits garçons bien gâtés, avaient complètement ternis.

En voyant arriver cette sœur, qu’elle prétendait aimer passionnément, et dont elle ne pouvait se passer, elle souleva à peine la tête : « Ah ! vous voilà donc enfin, Alice ? je commençais à penser que je ne vous verrais jamais : je suis si mal, que je puis à peine parler : je n’ai vu personne de toute la matinée ; n’est-ce pas affreux ?

— Cela valait mieux pour vous, dit Alice en souriant et l’embrassant, puisque vous ne pouvez parler ; mais je suis fâchée de vous