Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/179

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à Henriette, sa sensibilité se changeait visiblement en un attachement aussi fort que sa jeunesse et la nature de son esprit pouvaient le permettre. Emma fut bientôt parfaitement convaincue qu’on ne se souvenait plus de M. Martin que comme d’un objet de comparaison entre lui et M. Elton, comparaison qui était très-avantageuse au dernier.

Son intention d’orner l’esprit de sa jeune amie par d’utiles leçons, ne s’était encore montrée que par la lecture de quelques chapitres qu’on se proposait de continuer le lendemain. Il était plus aisé de causer que d’étudier ; plus agréable de se repaître l’imagination et travailler à la fortune d’Henriette, que de former son jugement et d’exercer ses facultés intellectuelles ; et la seule poursuite littéraire qui occupait alors Henriette, la seule provision mentale qu’elle préparait pour l’au-