Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/304

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Elton pour quelque temps ; mais elle eut le chagrin de voir, lorsque tout le monde fut assis, qu’il s’était placé à côté d’elle. Elle ne pouvait s’ôter de l’esprit l’étrange insensibilité qu’il montrait pour Henriette, puisqu’il s’efforçait d’attirer son attention par ses regards et ses paroles. Au lieu de l’oublier, sa manière de se conduire était telle, qu’elle ne put s’empêcher de se rappeler la suggestion de son frère, et de se demander : « Mon frère aurait-il raison ? Cet homme commencerait-il à porter sur moi les affections qu’il avait pour Henriette ? Cette idée est absurde, insoutenable. » Cependant, il prenait tant de soin qu’elle n’eût pas froid, paraissait si attentif pour son père, si charmé de madame Weston ; et enfin, se mit à admirer, ses dessins avec autant de zèle que d’ignorance ; que cette conduite pouvait donner à penser qu’au