Page:Austen - La Nouvelle Emma T3.djvu/248

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d’un coup ce qu’elle avait envie de dire à ce sujet. La droiture en tout est la meilleure politique. Elle arrêta d’abord en elle-même jusqu’où elle irait ; s’étant préparée, elle lui parla ainsi :

« Henriette, je ne vous cacherai pas que je vous ai comprise. Votre résolution, ou plutôt l’attente de ne jamais vous marier, viennent de l’idée que vous avez que la personne que vous préférez est, par sa situation, trop au-dessus de vous, pour songer à vous épouser. N’ai-je pas bien deviné ? »

« Oh ! mademoiselle Woodhouse, croyez-moi, je n’ai pas la présomption de supposer. En vérité, je ne suis pas si folle ! mais c’est un grand plaisir pour moi de l’admirer de loin et en silence ; de penser qu’il est le premier des hommes ; de lui vouer une éternelle reconnaissance, et d’avoir pour lui la vénération que je lui dois. »