Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/144

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— Oh ! quant à cela, j’ai une assez pauvre opinion des jeunes gens du Derbyshire ; et leurs intimes amis du Hertfordshire ne valent pas beaucoup mieux. Je suis excédée des uns et des autres, Dieu merci ! Je vais voir demain un homme totalement dépourvu de sens, d’intelligence et d’éducation, et je finis par croire que ces gens-là seuls sont agréables à fréquenter !

— Prenez garde, Lizzy, voilà un discours qui sent fort le désappointement.

Avant la fin de la représentation, Elizabeth eut le plaisir très inattendu de se voir inviter par son oncle et sa tante à les accompagner dans le voyage d’agrément qu’ils projetaient pour l’été suivant.

— Nous n’avons pas encore décidé où nous irons. Peut-être dans la région des Lacs.

Nul projet ne pouvait être plus attrayant pour Elizabeth et l’invitation fut acceptée avec empressement et reconnaissance.

— Ô ma chère tante, s’écria-t-elle ravie, vous me transportez de joie ! Quelles heures exquises nous passerons ensemble ! Adieu, tristesses et déceptions ! Nous oublierons les hommes en contemplant les montagnes !




XXVIII


Dans le voyage du lendemain, tout parut nouveau et intéressant à Elizabeth. Rassurée sur la santé de Jane par sa belle mine et ravie par la perspective de son voyage dans le Nord, elle se sentait pleine d’entrain et de gaieté.

Quand on quitta la grand’route pour prendre le chemin de Hunsford, tous cherchèrent des yeux le presbytère, s’attendant à le voir surgir à chaque tournant. Leur route longeait d’un côté la grille de Rosings Park. Elizabeth sourit en se souvenant de tout ce qu’elle avait entendu au sujet de sa propriétaire.