Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/235

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Elizabeth s’excusa comme elle put, dit qu’elle l’avait mieux apprécié quand ils s’étaient rencontrés dans le Kent et qu’elle ne l’avait jamais vu aussi aimable qu’en ce jour.

— Tel qu’il s’est montré à nous, continua Mrs. Gardiner, je n’aurais jamais pensé qu’il eût pu se conduire aussi cruellement à l’égard de ce pauvre Wickham. Il n’a pas l’air dur, au contraire. Dans toute sa personne il a une dignité qui ne donne pas une idée défavorable de son cœur. La bonne personne qui nous a fait visiter le château lui fait vraiment une réputation extraordinaire ! J’avais peine, par moments, à m’empêcher de rire…

Ici, Elizabeth sentit qu’elle devait dire quelque chose pour justifier Mr. Darcy dans ses rapports avec Wickham. En termes aussi réservés que possible elle laissa entendre que, pendant son séjour dans le Kent, elle avait appris que sa conduite pouvait être interprétée d’une façon toute différente, et que son caractère n’était nullement aussi odieux, ni celui de Wickham aussi sympathique qu’on l’avait cru en Hertfordshire. Comme preuve, elle donna les détails de toutes les négociations d’intérêt qui s’étaient poursuivies entre eux, sans dire qui l’avait renseignée, mais en indiquant qu’elle tenait l’histoire de bonne source.

Sa tante l’écoutait avec une vive curiosité. Mais on approchait maintenant des lieux qui lui rappelaient ses jeunes années, et toute autre idée s’effaça devant le charme des souvenirs. Elle fut bientôt trop occupée à désigner à son mari les endroits intéressants qu’ils traversaient pour prêter son attention à autre chose. Bien que fatiguée par l’excursion du matin, sitôt qu’elle fut sortie de table elle partit à la recherche d’anciens amis, et la soirée fut remplie par le plaisir de renouer des relations depuis longtemps interrompues.

Quant à Elizabeth, les événements de la journée étaient trop passionnants pour qu’elle pût s’intéresser