Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/259

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avait fait perdre la tête à toutes les jeunes filles de Meryton et des environs. Lui-même, de son côté, n’avait paru distinguer Lydia par aucune attention particulière. Aussi, après une courte période d’admiration effrénée, le caprice de Lydia s’était éteint et elle avait rendu sa préférence aux officiers qui se montraient plus assidus auprès d’elle.

On s’imagine facilement que tel fut l’unique sujet de conversation durant tout le temps du voyage, bien qu’il n’y eût dans tout ce qu’ils disaient rien qui fût de nature à donner plus de force à leurs craintes et à leurs espoirs.

Le trajet se fit avec toute la rapidité possible. En voyageant toute la nuit, ils réussirent à atteindre Longbourn le jour suivant, à l’heure du dîner. C’était un soulagement pour Elizabeth de penser que l’épreuve d’une longue attente serait épargnée à Jane.

Attirés par la vue de la chaise de poste, les petits Gardiner se pressaient sur les marches du perron lorsqu’elle franchit le portail et, au moment où elle s’arrêta, leur joyeuse surprise se traduisit par des gambades et des culbutes. Elizabeth avait déjà sauté de la voiture et, leur donnant à chacun un baiser hâtif, s’était élancée dans le vestibule où elle rencontra Jane qui descendait en courant de l’appartement de sa mère. Elizabeth en la serrant affectueusement dans ses bras, pendant que leurs yeux s’emplissaient de larmes, se hâta de lui demander si l’on avait des nouvelles des fugitifs.

— Pas encore, dit Jane, mais maintenant que mon cher oncle est là, j’ai l’espoir que tout va s’arranger.

— Mon père est-il à Londres ?

— Oui, depuis mardi, comme je vous l’ai écrit.

— Et vous avez reçu de ses nouvelles ?

— Une fois seulement. Il m’a écrit mercredi quelques lignes pour me donner les instructions que je lui avais demandées. Il ajoutait qu’il n’écrirait plus tant qu’il n’aurait rien d’important à nous annoncer.