Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/325

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votre ingérence dans ses affaires, je ne saurais le dire ; mais vous n’avez certainement pas le droit de vous occuper des miennes. C’est pourquoi je demande à ne pas être importunée davantage sur ce sujet.

— Pas si vite, je vous prie ! Je n’ai pas fini. À toutes les raisons que j’ai déjà données, j’en ajouterai une autre. Je n’ignore rien de la honteuse aventure de votre plus jeune sœur. Je sais que son mariage avec le jeune homme n’a été qu’un replâtrage qui s’est fait aux frais de votre père et de votre oncle. Et une fille pareille deviendrait la sœur de mon neveu ? Il aurait comme beau-frère le fils du régisseur de feu son père ? À quoi pensez-vous, grand Dieu ! Les ombres des anciens maîtres de Pemberley doivent-elles être à ce point déshonorées ?

— Après cela, vous n’avez certainement rien à ajouter, répliqua Elizabeth amèrement. Il n’est pas une seule insulte que vous m’ayez épargnée. Je vous prie de bien vouloir me laisser retourner chez moi.

Tout en parlant, elle se leva. Lady Catherine se leva aussi et elles se dirigèrent vers la maison. Sa Grâce était en grand courroux.

— C’est bien. Vous refusez de m’obliger. Vous refusez d’obéir à la voix du devoir, de l’honneur, de la reconnaissance. Vous avez juré de perdre mon neveu dans l’estime de tous ses amis, et de faire de lui la risée du monde. Je sais maintenant ce qu’il me reste à faire. Ne croyez pas, miss Bennet, que votre ambition puisse triompher. Je suis venue pour essayer de m’entendre avec vous ; j’espérais vous trouver plus raisonnable. Mais, ne vous trompez pas, ce que je veux, je saurai l’obtenir.

Lady Catherine continua son discours jusqu’à la portière de sa voiture ; alors, se retournant vivement, elle ajouta :

— Je ne prends pas congé de vous, miss Bennet ; je ne vous charge d’aucun compliment pour votre mère. Vous ne méritez pas cette faveur. Je suis outrée !