disposition d’esprit très-différente de celle de la veille.
Les jours suivans se passèrent tristement,
et avant la fin de la semaine, William étoit
parti sans qu’aucun des projets qu’ils avoient
faits pour adoucir le chagrin de la séparation,
eût pu se réaliser. Non-seulement William
n’avoit point mené ses sœurs à Spithead,
mais il n’avoit pu venir à terre que deux
fois, et d’une manière si fugitive que Fanny
n’avoit pas eu un moment pour causer avec
lui. Elle avoit eu à décompter presque sur
tous les points qui lui tenoient le plus au
cœur, excepté l’attachement de ce bon
frère dont la dernière pensée en quittant ses
parens avoit été pour elle. Il revint même
sur ses pas pour dire encore : « Je vous recommande
notre chère Fanny, ma mère ;
elle est fort délicate, elle a besoin de plus
de ménagemens que nous autres ; ayez en
bien soin je vous en prie. »
Fanny ne pouvoit pas se dissimuler que beaucoup de choses dans la maison de ses parens étoient fort différentes de ce qu’elle auroit désiré. Le désordre et le bruit y régnoient constamment. La subordination y étoit souvent méconnue. Rien ne s’y faisoit à propos et avec soin. Fanny savoit bien