Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/136

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Tom apprit à réfléchir pendant la maladie sérieuse à laquelle il échappa. Il devint meilleur, car la souffrance lui enseigna à sentir pour les autres, et il s’attacha à rendre son existence utile.


Marie parut long-temps inaccessible à tout sentiment de repentir. Elle vécut avec Henri tant qu’elle eut l’espérance de l’épouser ; mais lorsqu’elle comprit qu’il falloit y renoncer, son humeur s’aigrit, sa passion changea en haine ; la punition des coupables se trouva dans la relation même à laquelle ils avoient tout sacrifié ; et ils se séparèrent volontairement.

Mad. Norris, dont l’aveugle partialité pour sa nièce sembloit augmenter à mesure que celle-ci se rendoit moins digne d’estime, intercéda pour obtenir son pardon et la réconcilier avec sa famille ; mais Sir Thomas auroit cru donner une espèce de sanction au vice en recevant Marie dans la demeure paternelle après un égarement aussi coupable. Cependant il étoit disposé à faire pour elle tout ce qui pouvoit se concilier avec le respect pour la morale publique, et garantir sa fille de nouveaux dangers en lui donnant les moyens de revenir au bien. Mad. Norris offrit de la suivre dans une province éloignée ;