Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/64

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Mr. Darcy rougit du défaut de tact et de l’impertinence de sa tante.

Quand on eut pris le thé, le colonel Fitz-William rappela à Elizabeth qu’elle lui avoit promis de lui jouer quelque chose. Elle se mit aussitôt au piano, et joua des variations. Il se plaça à côté d’elle, et parut prendre beaucoup de plaisir à l’entendre. Milady écouta quelques momens, puis se remit à parler à Darcy, comme si l’on n’eût point fait de musique. Mais bientôt son neveu lui échappa, et vint s’établir en face d’Elisabeth pour l’entendre et la fixer tout à son aise.

“ Je comprends, lui dit-elle, en souriant avec un peu de malice, » que vous vous établissez-là pour me faire peur. Mais je vous déclare que je suis décidée à ne pas avoir peur, quoique miss Georgiana joue mieux que moi. J’ai une espèce de courage qui s’obstine à ne point se laisser abattre à la volonté des autres ; et je vous avertis que je ne suis jamais moins timide que quand on cherche à m’intimider. »

« Je ne vous dirai pas, mademoiselle, que vous vous trompez ; parce que vous ne pouvez pas croire que j’aie eu, en effet, l’idée de vous intimider. Je sais que vous vous amusez quelquefois à dire autrement que vous ne pensez. „