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ORGUEIL

lons, soyez sincère, serait-ce mon impertinence qui vous aurait plu ?

» — La vivacité de votre esprit m’a, je l’avoue, fort intéressé.

» — Dites plutôt mon impertinence ; car ce n’était guères moins : le fait est que vous étiez las de civilités, d’attentions, de soins officieux ; vous étiez ennuyé de ces femmes qui ne pensaient, n’agissaient, ne parlaient que pour mériter votre seule approbation. Je vous ai occupé, intéressé même, parce que je leur ressemblais si peu ! si vous n’eussiez pas été réellement aimable, cela seul m’aurait attiré votre haine ; mais, malgré le soin que vous preniez de vous déguiser, vos sentimens ont toujours été nobles et justes ! Et dans votre âme vous méprisiez les personnes qui vous flattaient si servilement. Là, je vous ai épargné la peine de me l’expliquer ; et vraiment, tout considéré, je commence à penser que c’était assez naturel. Vous ne saviez, il est vrai, aucun bien réel de moi ; mais nul ne songe aux qua-