Page:Austen - Persuasion.djvu/108

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ans d’attente, et Fanny était morte trop tôt pour voir la promotion de son mari. Il aimait sa femme et la regrettait autant qu’homme peut le faire. C’était une de ces natures qui souffrent le plus, parce qu’elles sentent le plus. Sérieux, calme, réservé, il aimait la lecture et les occupations sédentaires.

La mort de sa femme resserra encore l’amitié entre les Harville et lui ; il vint demeurer avec eux. Harville avait loué à Lyme pour six mois ; sa santé, ses goûts, son peu de fortune l’y attiraient ; tandis que la beauté du pays, la solitude de l’hiver convenaient à l’état d’esprit de Benwick. « Cependant, se disait Anna, son âme ne peut être plus triste que la mienne. Je ne puis croire que toutes ses espérances soient flétries. Il est plus jeune que moi, sinon de fait, du moins comme sentiment ; plus jeune aussi parce qu’il est homme. Il se consolera avec une autre, et sera encore heureux. »

Le capitaine Harville était grand, brun, d’un aspect aimable et bienveillant, mais il boitait un peu : ses traits accentués et son manque de santé lui donnaient l’air plus âgé que Wenvorth. Benwick était et paraissait le plus jeune des trois, et semblait petit, comparé aux deux autres. Il avait un air doux et mélancolique et parlait peu.