Page:Austen - Persuasion.djvu/111

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Anna s’accoutumait au capitaine Wenvorth plus qu’elle n’eût jamais cru ; elle n’avait aucun ennui d’être assise à la même table que lui, et d’échanger quelques mots polis.

Harville amena son ami ; et tandis que lui et Wenvorth racontaient pour amuser la compagnie nombre d’histoires dont ils étaient les héros, le hasard plaça Benwick à côté d’Anna. Elle se mit à causer avec lui par une impulsion de bonté naturelle ; il était timide et distrait, mais les manières gracieuses d’Anna, son air engageant et doux produisirent leur effet, et elle fut bien payée de sa peine.

Il avait certes un goût très cultivé en fait de poésie ; et Anna eut le double plaisir de lui être agréable en lui fournissant un sujet de conversation que son entourage ne lui donnait pas, et de lui être utile en l’engageant à surmonter sa tristesse : cela fut amené par la conversation, car, quoique timide, il laissa voir que ses sentiments ne demandaient qu’à s’épancher. Ils parlèrent de la poésie, de la richesse de l’époque actuelle, et, après une courte comparaison entre les plus grands poètes, ils cherchèrent s’il fallait donner la préférence à Marmion ou à la dame du Lac, à la fiancée d’Abydos ou au Giaour ; il montra qu’il connaissait bien les tendres chants de l’un, les des-