Page:Austen - Persuasion.djvu/127

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Il s’occupa d’Henriette, se tournant toujours vers elle, cherchant à soutenir son espoir, à relever son courage. Il tâchait d’avoir l’air calme pour lui épargner toute agitation. Une fois seulement, comme elle déplorait la malencontreuse promenade sur le Cobb, il ne put se contenir, et s’écria :

« Ne parlez pas de cela, de grâce, Ah ! Dieu ! si j’avais refusé au moment fatal ! Si j’avais fait mon devoir ! Mais elle était si vive, si résolue, cette chère et douce Louisa. »

Anna se demandait s’il était encore aussi sûr des avantages et du bonheur attachés à la fermeté de caractère, et s’il ne pensait pas que cette qualité, comme toute autre, a ses limites. Il ne pouvait guère manquer de reconnaître qu’un caractère facile a plus de chance de bonheur qu’un caractère très résolu.

On allait vite ; la route semblait à Anna moitié moins longue que la veille. Cependant la nuit était venue quand on arriva à Uppercross. Henriette, immobile dans un coin de la voiture, la tête enveloppée dans son châle, semblait s’être endormie en pleurant. Wenvorth se pencha vers Anna et lui dit à voix basse : « J’ai songé à ce qu’il y a de mieux à faire. Henriette ne pourra supporter le premier moment ; ne feriez-vous pas mieux de rester dans la voiture avec elle,