Page:Austen - Raison et Sensibilité.djvu/64

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te vérité ; tout lui disait qu’Edward l’aimait, excepté lui-même. Ému, ravi à côté d’elle, suivant tous ses pas, tous ses mouvemens, écoutant chaque mot qu’elle prononçait ; cent fois elle l’avait cru sur le point de lui faire l’aveu de son amour, mais cet aveu n’avait jamais été prononcé. Quelquefois elle le voyait tomber dans un tel abattement, qu’elle ne savait à quoi l’attribuer ; ce ne pouvait être à la crainte de n’être pas aimé : malgré sa prudence et sa retenue, Elinor était trop franche, trop sincère pour affecter une indifférence qui n’était pas dans son cœur ; elle lui témoignait assez d’intérêt pour le rassurer et lui laisser espérer d’obtenir un jour un sentiment plus tendre. Ce n’était donc pas la cause de sa tristesse ; elle en trouvait une plus