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À APOLLON.


Sitôt que vient le soir, aux étables, aux fermes,
On a peur ; on frémit si l’on entend leur voix.
Dans ton solide enclos, voisin, tu te renfermes,
Et tu fais, mécréant, de vrais signes de croix.

Plus de calme sommeil, de joie extérieure ;
Vers le bois, au bétail les prés sont interdits ;
La nuit, les coqs prudents n’osent plus chanter l’heure.
Qui nous délivrera de ces pillards maudits ?

Il faut exterminer l’engeance meurtrière,
Il faut que tout chasseur soit brave devant eux :
Ainsi l’a déclaré Perrine la fermière,
Ainsi l’a dit Jasmin, petit berger boiteux.

Fiers chasseurs, allez donc ; courez, ô troupe alerte !
Tandis que des halliers vous battrez l’épaisseur,
Poëte oisif, du seuil de la maison déserte,
J’adresserai pour vous des vœux au dieu chasseur.

« Tire du carquois d’or ta meilleure sagette,
Montre-toi, lui dirai-je, et seconde leurs coups,
Toi qui battais jadis les fourrés du Taygète,
Apollon, que les Grecs nommaient Tueur de loups ! »