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LA VIE RURALE.

Veuve avec cinq enfants. Mais le ciel l’aidera,
Et, quel que soit le faix, elle le portera.
Quand jadis, blonde enfant, front sur qui rien ne pèse,
Elle cherchait au bois la noisette et la fraise,
Qui de nous eût prédit que la maternité
Lui donnerait sitôt cet air de gravité ?
D’un esprit plus ouvert et d’une main plus ferme,
Nulle femme aujourd’hui ne dirige une ferme.
Elle ne songe plus aux roses de son teint.
Les coqs, comme dit l’autre, ont beau chanter matin,
Elle est à son travail plus matineuse encore.
C’est elle, dirait-on, qui réveille l’Aurore.
L’été comme l’hiver, avant le jour naissant,
Par l’escalier de bois, c’est elle qui descend,
Et, dans l’âtre où survit un tison de la veille,
Faisant vite flamber la broussaille vermeille,
Prépare le café qu’elle sert tour à tour
Aux gens qui vont partir pour les travaux du jour
Après ce premier soin, toutes les autres tâches
Se succèdent ; jamais d’inutiles relâches ;
Et, quand rien, par hasard, ne vient la rappeler,
Elle prend la quenouille et se met à filer.

Le temps fuit cependant ; au clocher l’heure sonne