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LA VIE RURALE.


Sur les plateaux d’Arbois le camp du Midi tonne[1].
Là vivent, sous la tente, aux vents froids de l’automne,
Les soldats qu’un signal peut avertir demain,
Les régiments qu’on dresse aux travaux de l’armée,
Et qui, toujours debout, les yeux vers la Crimée,
Brûlent d’en prendre le chemin.

À ces bruits, que le vent orageux nous apporte,
Les hommes de labour devisent sur leur porte ;
Le pâtre, vieux soldat, néglige son troupeau ;
Les petits paysans, dans la cour de la ferme,
S’alignent en colonne et marchent d’un pas ferme,
Avec un mouchoir pour drapeau !

Vous m’agitez aussi, dans ma calme demeure,
Belliqueuses rumeurs qui grondez d’heure en heure !
Si le sort au poëte interdit les combats,
Il n’assiste pas moins, d’une âme libre et fière,
Aux assauts de géants que l’Europe guerrière
À l’Orient livre là-bas.

L’œil sur les pâles feux qui dansent à mon âtre,

  1. Pendant la guerre de Crimée, le camp du Midi était établi dans le voisinage de l’auteur.