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LA MÉTAIRIE

Je quittai le prophète et j’allai visiter
Les vergers, le jardin que j’avais vu planter,
Les coteaux où le bois librement se ressème.
De ces arbres, jadis plus petits que moi-même,
Et que je protégeais de mon ombre en passant,
La plupart se dressaient d’un essor florissant,
Et, secouant sur moi leur cime épaisse et verte,
Me rendaient aujourd’hui l’ombre autrefois offerte.
Puis un tour au cellier, un coup d’œil au pressoir ;
Voilà donc un beau jour qui s’écoule ; bonsoir !

Hélas ! tu le connais, l’aphorisme vulgaire :
Les jours suivent les jours, ne se ressemblant guère.
Salomon l’avait dit, ce sage entre les rois !
Après lui, Petit-Jean l’a dit aussi, je crois.
Bref, dès le lendemain ma chronique s’attriste.
À tous mes sentiments, toi, dont le cœur assiste,
Écoute cette histoire, et dis, cher compagnon,
Dis-moi si mon ennui fut légitime ou non :

Sur le sentier qui mène au clos de la Tourache,
Et qu’adoucit au pied la mousse qui le cache,
Un chêne était debout depuis les temps anciens,
Beau, superbe, touffu, royal ; tu t’en souviens !