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LE PRIX D’UN LIVRE.

« Ah ! dit le vieux berger, me voyant apparaître,
Voilà certe un auteur qu’il fait bon de connaître !
— Eh bien, je le connais et lui parle souvent, »
Répondis-je au bonhomme ; et lui, se relevant :
« Dites-lui donc, monsieur, chargé de ma louange,
Qu’entre mes bons amis dès ce soir je le range ;
Et que, s’il passe un jour à travers mon chemin,
La main d’un vétéran voudra serrer sa main !

« — Il sera du propos très-flatté, je présume,
Repris-je ; mais de qui tenez-vous ce volume ?
— Du petit colporteur qui passe chaque mois,
Dit-il ; et, court d’argent que j’étais cette fois
(Car pour nous, pauvres gens, les temps sont durs à vivre),
Je vendis un mouton pour acheter ce livre ! »


Mai 1860.