Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/156

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IV

C’est ainsi que chantait le vieillard éloquent,
C’est ainsi qu’il chantait, ce soir-là, dans un camp,
Et, pressés à sa voix, l’oreille émerveillée,
Les soldats et les chefs prolongeaient leur veillée.
Oublieux du sommeil, des fatigues du jour,
Ils s’étaient rassemblés, cercle au vaste contour,
Ceux-ci se détournant des osselets d’ivoire,
Ceux-là ne songeant plus au vin qui reste à boire.

« Le silence des cieux m’avertit qu’il est tard,
Ne dormirez-vous pas ? demanda le vieillard.
— Non, répondirent-ils ; non, ravis-nous encore,
Chante, si tu le peux, chante jusqu’à l’aurore.
Des liens du sommeil tu dégages l’esprit.
Qui que tu sois, poursuis, ô poëte ! »
Qui que tu sois, poursuis, ô poëte ! Il reprit :