Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/164

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La bande, à ce propos, ironique et méchante,
Éclata d’un long rire. « Un chanteur ? eh bien, chante.
Un mortel fut jadis, qui, par d’habiles sons,
Charma, dit-on, la pierre et bâtit des maisons ;
Voyons si tu sauras, toi, vieux joueur de lyre,
Charmer le tronc d’un arbre et t’en faire un navire ! »


IX

Sur le môle, jonché d’agrès, de lourds ballots,
Debout, le luth en main, parmi ces matelots,
Il entonna son chant. Mer immense et profonde,
Dos son premier prélude, il déroula ton onde,
Et jamais, non jamais, ni le vent de ces bords,
Ni le flot soulevé qui s’exhale en accords,
N’eurent les sons divins et les parfums sauvages
De ce chant qu’il jetait à l’écho des rivages.

Il disait tour à tour, variant son tableau,
Les différents labeurs de l’homme errant sur l’eau.
Il contait les départs vers les terres lointaines :
On fixe les agrès, on dresse les antennes :