Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/166

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Sous les vents échappés du gouffre des nuages,
Le terrible Océan roule ses flots sauvages.

» Ulysse, en proie au dieu qui revient l’assaillir,
« Sent ses genoux trembler et son cœur défaillir :
« Malheureux ! c’en est fait, voici ma fin prochaine ;
» Contre tous ces fléaux qu’un bras jaloux déchaîne,
» A moi-même réduit, je reste sans pouvoir.
» Que cette mer est sombre et que ce ciel est noir !…
» Oh ! plus heureux cent fois ceux qui, pour les Atrides,
» Tombèrent devant Troie en soldats intrépides !
» Ils trouvèrent, du moins, un trépas glorieux ;
» Tandis que moi, rebut des hommes et des dieux,
» Cadavre qui jamais n’aura de sépulture,
» Je vais de flot en flot errer à l’aventure ! »

» Comme il parlait encore, une montagne d’eau
Croule, et disjoint les ais du fragile radeau.
Loin de ce frêle appui, le fils du vieux Laërte
Est lancé tout à coup sur la vague déserte.
Le mât brisé s’abat, et, rapide haillon,
La voile suit le vent, mêlée au tourbillon.
Longtemps le naufragé sous l’eau qui se replie
Demeure et se débat, la tête ensevelie.