Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/228

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Ils s’étaient réunis pour aller en maraude,
Et parlaient en chemin du terrible baron ;
« Moi, disait Astaro, sans être fanfaron,
Si jamais je me trouve avec lui face à face,
Je compte, mes amis, ne pas lui faire grâce ;
Je me sens aujourd’hui plus que jamais dispos. »
Et chacun d’eux tenait de semblables propos.

Parvenus à l’endroit où le héros superbe
Dormait paisiblement, comme un lion dans l’herbe :
« Le voilà ! c’est bien lui, se dirent-ils tout bas.
Il dort, pas n’est besoin de si rudes combats ;
Sans défense aujourd’hui Mahomet nous le livre.
Si nous savons agir, il va cesser de vivre.
Tendons sans bruit nos arcs, puisons dans le carquois,
Et tirons contre lui tous les quatre à la fois. »
A ces mots, se mettant à l’abri d’une roche,
Car ils tremblaient encore et redoutaient l’approche,
Ils tendirent les arcs et lancèrent leurs traits.
Bismare l’atteignit à l’épaule, tout près
De l’endroit où le bras avec le cou s’emmanche ;
La flèche d’Astaro vint atteindre la hanche ;
Le farouche Yodil, roi de Salamanca,
Lui toucha le pied droit ; le dernier le manqua.